Regards

Je pense à toi visiteur ! Quel pas t’a donc guidé à ma porte ? Serait-ce le pas tranquille du chineur indulgent ? Viens donc mon frère ! Je te propose mes rêves et mes espoirs. Et si tu veux bien, juste là, mes joies et mes peines. Et encore là, regarde, mes rires et mes pleurs. Et au fond, à l’abri des méchantes gens, mes peurs et mes faiblesses. Juste goûte et apprécie. Et trinquons, frère, là, à l’ombre de la passion.

Nom :
Lieu : Rabat, Morocco

12 octobre 2006

A l'ombre de la passion

Je pense à toi visiteur !
Quels pas t’ont donc guidé à ma porte ?

Etait-ce la foulée décidée du chaland tatillon ?
Que je crains, Messire, que mon étal ne vaille ta halte.
Ta quête avisée, de bricelets de gourmet,
Ne trouvera ici que boudoirs et croquets

Etait-ce l’enjambée saccadée du commis pressé ?
Sers-toi l’ami ! Je t’offre mes lettres et mes mots
Je rajoute mes points et mes virgules
Et, ultime largesse, mes gras et mes italiques
Remplis donc ton cabas
De tes victuailles, je ne suis guère plus pauvre
Reviens demain, après demain et le jour d’après
A ma porte, je te prie, point ne frappe
Entre, prends et passe ton chemin.

Serait-ce le pas tranquille du chineur indulgent ?
Viens donc mon frère ! Je te propose mes rêves et mes espoirs
Et si tu veux bien, juste là, mes joies et mes peines
Et encore là, regarde, mes rires et mes pleurs
Et au fond, à l’abri des méchantes gens, mes peurs et mes faiblesses


Ne te sers point, mon frère, nul n’est besoin
De ma brocante, tu ne seras plus riche
Juste goûte et apprécie
Et trinquons, frère, là, à l’ombre de la passion.

10 octobre 2006

Larmes

Tu es partie et avec toi mon âme,
N’ayant plus rien, je te fais don de mes larmes.
Elles sont mon bien le plus cher !
Mon trésor impérissable !
Mon extrême soupir !

Ce ne sont point de vains pleurs ;
Mais la sueur de mon cœur ;
Qui, pour toi, n’a cessé de battre !

Pour toi seule, elles ont coulé !
Pour toi seule, je n’ai su les refouler !

Hélas, dans mon regard, elles n’ont pu effacer le souvenir de ton départ !
Impuissantes, sur mes joues elles se sont retirées ;
Le vent les a cueillies, et, jaloux, au loin les a emportées !

Ultime preuve de mon infini amour ;
Jamais, elles ne te seront dérobées !

Mêlées à la rosée du matin ;
Perles de passion ;
Eternel hommage ;
Chaque jour, sur les roses de ton jardin, elles brilleront !

06 octobre 2006

Délaissée

Eh bien mon ami, voila que tu me boudes !

Depuis quelques jours je te sens indécis, tourmenté, errant comme une âme en quête de repos, et cela me glace l’encre !

Quelques fois tu t’attables et me prends.
Je frémis de plaisir, attendant que tes mains expertes me manient avec cette délicatesse dont je ne puis me passer ;
Je m’apprête alors à donner naissance, sous ta caresse, aux plus jolis mots, aux plus belles tournures …. A vivre !

Mon encre, depuis une éternité alanguie par ton indifférence, retrouve son entrain et gambade joyeusement le long de mes entrailles.
Bientôt, une symphonie de mots, fruit de nos ébats, s’exhalera de notre étreinte, donnant naissance à mille sensations, les semant sur le sillage de notre valse, aux quatre coins de la feuille.

Hélas, la caresse de ta main, distraite, absente, presque froide, a tôt fait de tempérer mon élan ;
Tes doigts, qui me faisaient virevolter avec art, tournoyer et tournoyer jusqu’à ce que ma sueur noircisse des pages et des pages, sont soudain gourds !

Ils esquissent quelques caresses, essayant de s’appliquer …
Enlacés, nous évoluons alors sur quelques lignes, mais … sans grâce !
Le cœur n’y est pas.

Notre œuvre est banale, quelconque !
Nous nous arrêtons un moment, puis, tristement, revenons sur nos pas pour la détruire.

Pourquoi est ce que ta main n’affole plus mon cœur ?
Pourquoi est ce que ta caresse n’embrase plus mon corps ?
Que t’arrive-t-il, Ô compagnon ?
Me serais-tu infidèle ?
M’aurais-tu quittée pour toujours ?


Me reviendras-tu quand, dans ton cœur, s’éveillera le souvenir de nos nuits blanches ?

05 octobre 2006

Agonie ...

Un texte qui me tient particulièrement à coeur ....


Le premier coup de hache fuse. Un morceau d’écorce s’envole. Mon sang blanc, dilué de larmes, coule abondamment.

La mort est là. Inéluctable ! Mes souvenirs, plus vivaces que jamais, se répandent à mon chevet pour veiller mon agonie.
Je revois la montagne où je suis né
J’entends les berceuses que le vent me chantait
Je retrouve les histoires extraordinaires que les oiseaux se racontaient
Je sens la douce caresse du vent de ma montagne
Mes racines, croyant renaître, aspirent goulûment la vie

La hache se fait hargneuse
Je la sens à peine
Mes souvenirs me serrent de toute leur force
Me crient : Courage !
Je me tiens droit.


Ce fut par un doux matin de printemps que l’on était venu me chercher. Ma mère s’accrocha à moi si fort, que l’on dut me couper les bras pour m’arracher à elle. Mes frères secouaient convulsivement leurs milliers de feuilles et la forêt, à l’infini, n’était que plainte douloureuse. Les oiseaux s’envolèrent au loin. Jamais je ne les revis.

On me planta au milieu d’un beau jardin. On m’entoura de soins. D’attentions. D’affection. On me gava, me tailla et, petit à petit, je me suis laissé vivre, refoulant au fond de mes entrailles, la nostalgie de ma blanche montagne.

Les coups se succèdent. La vie, par flots, coule de mes veines. Je vacille et m’accroche à mes souvenirs.

Je trônais au milieu du jardin. Par les chaudes journées d’été, quand le soleil pris de frénésie méchante soufflait ses flammes partout, ma nouvelle famille venait se blottir dans mon ombre. Je la serrais tout contre moi, lui faisant rempart de mon feuillage.

La hache entame profondément ma chair. Mes souvenirs peinent à me soutenir, je me penche …

Les années se sont écoulées paisibles. J’ai aimé le petit garçon dont j’étais tout l’univers. J’ai adulé sa sœur, dont le regard azur, réveillait le souvenir de mon ciel d’enfance. Mon ombre fût leur compagnon de jeu. Mes branches leur repaire secret. Mon tronc le témoin de leurs premières amours.

Mon âme s’apprête à s’envoler vers les cieux. Tristement, le vent se lève pour mener la marche funèbre.

Un jour, la richesse est venue et toute la maison s’est transformée. On a démoli, reconstruit, repeint, réaménagé. Ma vieille mansarde est devenue une belle demeure … un palais, auquel il ne manquait qu’une piscine.

Ils sont venus me regarder tomber. Ils sourient, se sentant déjà flotter sur l’eau fraîche.

Je ne me rappelle plus de rien
Je m’abats.
Adieu !

Au moment d’exhaler mon dernier soupir, le vent se penche sur moi et souffle : « Pars en paix ! la-haut, sur la montagne, juste au milieu de tes frères, j’ai déposé une de tes graines ! ».

A mon père…

04 octobre 2006

4- Silences .. au bout de la plume

Si, une fois remis de vos divagations d’appréciateur sanctionneur, vous devenez un partenaire tout à fait appréciable dans les miennes de divagations, cherchons ensemble un sens à ces lignes qui coulent au gré - j’allais dire des humeurs de ma plume – des cliquetis de mon clavier.

La plume aurait probablement été plus délicate dans ce premier flirt avec les mots. Elle aurait tangué, de bâbord, de tribord, esquissé un pas, puis deux, cherché la cadence, puis se serait lancée, avec toute la conviction de la passion.

Le clavier, rustre sans art, ni flamme, ne se donne pas cette peine. Dès le premier silence, il arrête net. Les touches, noires, hideuses, narquoises, vous toisent, insensibles à cette délicieuse hésitation qui drape les premiers moments du flirt.

Le silence ! C’est là que réside, tapis, le plus grand danger qui guette les divagateurs de mon acabit. C’est bien la seule chose que les mots ne peuvent cerner.

Ses contours sont diffus, lâches, fuyants, inaccessibles. Hors de portée, il devient le trophée par excellence. Maîtriser le silence, c’est investir le fin fond de la pensée. C’est la conquérir dans sa plénitude.

Mais, cela vaut-il la peine de quêter le silence ? Le trouver, n’est-il pas l’anéantir, et par là même, ôter toute valeur à ce qui, de silences, en non-silences, forge l’essence d’une pensée ? Que vaudraient des mots sans leurs silences ? Simplement, une suite de non-silences, domptés, donc sans intérêt.

Homme. Face à mes silences, je me démène pour les dompter, dans ce qui fait le propre de l’humain. La Quête de l’impossible, impuissant qu’il est à se satisfaire de sa simple présence inaccessible.

Le silence, est trop lourd pour notre égo et trop abstrait pour nos sens. Nous sommes plus heureux quand nous quêtons que quand nous avons trouvé. D’ailleurs, nous ne trouvons jamais. Chaque quête aboutie, se révèle une simple étape vers une autre que nous nous projetons vitale. Ainsi va la vie. La quête est notre but et non son objet.

Nous y voilà. je vous invite à m'accompagner dans cette quête des silences. Les bien inspirés, comme les mal inspirés. Les courageux comme les lâches. Les savants comme les ignorants. Les avisés comme les étourdis. Les calculés, comme les spontanés. Laissons nos mots les traquer, les happer, les digérer, les anéantir, les crier...

3- Votre appréciation

Ca commence plutôt bien. Mais, il ne faut surtout pas relire au dessus. J’ai déjà repéré deux, trois mots que je devrais changer. Si je m’y mets maintenant, s’en sera fait de cette mise en route de ma machine de guerre.

D’ailleurs, ai-je besoin de votre intérêt pour écrire ce que j’ai à dire ? Que vaudraient mes mots, sensés être libérateurs, si d’emblée, je les enchaînais à votre appréciation ? S’il s’agit de déboucler la boucle, je préférerais que vous soyez le maillon qui saute.

Sans votre avis, les choses seraient beaucoup plus simples. Le monde tournerait autrement. Imaginez un instant un monde où chaque acte, serait émancipé de cette obligation d’appréciation positive que nous avons inventée, pour être simplement un acte. Libre, fier, sauvage. Ce serait la révolution. Non pas celle d’un peuple, mais bien celle de toute l’humanité, croupissant sous la dictature du paraître.

A suivre...

2- Mes solitudes terrassières

Pour ma part, n’étant pas un habitué des cercles mondains, sans le vraiment vouloir, dois-je avouer, je fais un usage tout autre de ma besace à réflexions spirituelles. Elles ont ce premier mérite de souvent animer mes solitudes terrassières. Le terme n’existe probablement pas. Qu’importe ! je l’invente pour l’occasion. Pourquoi n’en aurais-je pas la latitude ? Ces termes que je vous ponds depuis une heure, n’ont-ils pas été inventés pour le besoin du premier type qui y a pensé ?

Mes solitudes terrassières, ces moments de contemplation méditative que je passe quotidiennement sur la terrasse de mon café habituel. Comme je ne peux humainement pas me taire au café aussi, et qu’en général il n’y a personne avec moi, je m’expose intérieurement, dans la plus totale intimité, ces réflexions qui, ailleurs, m’auraient, je me permets de le penser, valu de francs succès.

Je me fais alors mon cinéma, ne me privant ni du ton, ni du froncement de sourcils intello, encore moins du détachement faussement spontané. Je m’écoute disserter, je m’accorde mes hochements de tête entendus, mes sourires genre « je te vois venir petit futé », mes mimiques style « non ! Tu as fais ça ? » Et même mes encourageants « ewa, zid ou men be3d ? »… généreux jusqu’au bout, pour peu je me séduirais.


A suivre ...

03 octobre 2006

1- Cri Premier

Nous y voilà. Le courage affûté et la volonté intacte face à la première page blanche. Tout va bien. Les idées grouillent, la rage bouillonne et les doigts trépignent, prêts à faire feu de tout bois. Ce sont là les trois premières lignes de ce pamphlet que j’imagine incendiaire. Cet exutoire de tant d’heures de silence imposé. Ils vont voir de quel bois je me chauffe !

Au fait, c’est qui « ils » ? C’est étrange, que l’on aie toujours besoin de ce « ils » pour canaliser son énergie. Comme si la créativité ne pouvait donner sa mesure que dans la riposte. Et puis, pourquoi ne se suffit-on jamais d’un seul « ennemi » ? Pourquoi l’adversité ne se conçoit-elle que dans la pluralité ? Faut-il absolument se placer dans une configuration d’opprimé, tyrannisé par le nombre, pour parvenir à exprimer la révolte ? Voilà une idée à creuser.

Il faudrait que je la note dans ma rubrique « réflexions en cours ». J’en ai des tas comme ça. Le « en cours » est quelque peu pompeux, je vous l’accorde volontiers. Bien entendu, je ne passe pas mon temps à défricher cette terre vierge. Heureusement, sinon, quelle vie de galérien, ce serait. Déjà que les rames m’engourdissent les mains. Si en plus je devais aller au charbon avec les méninges.

De toute façon, c’est toujours bon de garder quelques profondes réflexions comme celle-là sous le coude. Ca sert toujours. Effet garanti en société. Pour peu que l’on y mette le ton, le froncement de sourcils de circonstance et surtout ce soupçon de faux détachement qui enlise les autres dans la certitude que votre besace est pleine à craquer de spiritualités du genre. Je ne serais guère étonné qu’il se trouve des petites gens qui les notent soigneusement, les répertorient et révisent leur calepin magique entre la noisette de gel et le jet de parfum, les soirs de sortie.
Et puis pourquoi pas ? Cela amuse la galerie, donne du galon et tout le monde y trouve son compte.


à suivre ...